Quelques lacets rythment les rampes sinueuses de Bellepierre ; Dans l’écrin vert des hauts de l’île apparait comme une perle sertie, ce pur joyau d’une case créole à la silhouette seventies : La Villa Fleurié, nouvel établissement gastronomique de Saint-Denis.
Une allée aux pavés savamment agencés invite à l’abandon du véhicule. Alors que la nature doucement vous couvre de son silence, le regard inexorablement prolonge ses attentions sur l’immaculé d’une demeure discrètement tapie au creux de cette alcôve végétale. Au quadrillage de ses baies vitrées s’oppose la rondeur d’un parterre sublimé par l’imposant d’une roue crantée, ancien mécanisme agricole un temps prêté à la culture de la canne à sucre.
Un bassin anguleux sur la droite plonge une fraîcheur obscure et profonde. Sofas et assises « transat » attireraient déjà une pause contemplative. Le comptoir d’un bar de fin d’après-midi, quelques tables à l’abri d’une varangue filante ou réparties sur le deck d’une terrasse isolée suggèrent apartés et confidences autour d’un drink.
Comme une invitation à poursuivre, les persiennes blanches du seuil d’entrée, plaquées de part et d’autre de la façade, ouvrent une perspective traversante au panorama saisissant de l’abyssal d’une montagne luxuriante. Le doux parfum de la rosée lentement se dissipe laissant place aux délicates effluves d’un soleil caressant. La sagesse des parterres fleuris soigneusement entretenus rivalisent avec le balancé onduleux des suspensions végétales doucement narguées par une brise vaporeuse. Chaque détail semble ici pensé pour semer une sérénissime quiétude. Tout en feutré se déplacent les hôtes de ce lieu distribuant à votre passage égards et sourires respectueux qui appellent une réciprocité spontanée. Plus que d’être invité, vous êtes accueilli « chez vous ».
Quelques pas suffisent à gagner l’ambiance savoureuse d’un premier séjour. Des couleurs chaudes se mêlent à la boiserie miel d’une vaste bibliothèque dessinée comme pour mieux sublimer une cave de grands crus, ode à la succulence d’une carte élaborée par le chef Amédée. Livres de voyage et objets d’art posés ici et là avec grâce, se toisent mutuellement. Aux murs se pavanent les toiles d’un artiste local, on ne sait encore qui de l’œuvre ou des lieux encense l’autre tant le fondu semble d’origine. Faisant face à cet espace cocooning un comptoir laqué de blanc projette l’attention sur le spectacle fascinant des cuisines. La batterie s’anime au gré des commandes et danses des plats. Rien d’étonnant à ce que la démarche engage à pénétrer la salle du restaurant. Des fauteuils en cannage réalisés par un ébéniste réunionnais autour de tables dressées en sobriété noble se partagent la pièce ouverte sur les falaises surplombantes. Quelle subtilité que de savoir accorder le grandiose d’une nature vertigineuse à l’intimisme de l’habitat. Comme un astre suspendu à la voûte des temps, un lustre de Murano discrètement fait scintiller une vaisselle minutieusement choisie auprès de talents locaux. Plus tard vous pourrez décider de vous lover dans un salon privatisé ou de rejoindre l’effervescence d’un séminaire d’entreprise.
Florilège des sens et fleuron d’élégances, la Villa Fleurié tout en humilité retenue sait à la fois éclore la nature et retenir l’histoire offrant à son visiteur le souvenir d’une possible communion entre l’infiniment grand et son opposé, le luxe de votre authenticité au cœur d’un voyage d’émotions.
Texte Nadine Gracy
Photos Pierre Marchal