C’est une case créole, au 25 rue de Paris qui a marqué l’histoire de la plus grande avenue du chef-lieu dionysien. Véritable mémoire du patrimoine réunionnais, la villa Repiquet renaît de ses cendres et de l’oubli grâce à la ténacité de l’une de ses héritières, Sophie Repiquet.
Lieu d’exception, la Villa Repiquet fait partie des illustres villas créoles de la rue de Paris. Son architecture mêlant le style néoclassique au style colonial avec une conception en maçonnerie traditionnelle en fait une demeure unique à nul autre pareil.
Colonnes en fonte, lambrequins en bois, sols en marbre et en carreaux de ciment, plafonds à la créole, portes vitrées quadrillées, « baro » traditionnel, autant de détails qui font tout le charme de cette demeure originale.
Pour Sophie Repiquet, la nouvelle propriétaire, cette Villa est bien plus qu’un projet, c’est une promesse. Une promesse faite à son défunt père, décédé fin 2015 : « je lui avait promis de la garder dans la famille et de ne pas la vendre ». Après 7 années d’un combat successoral âpre et difficile, Sophie honore son engagement en rachetant les parts des autres héritiers. Pendant ces longues années, elle a muri son projet de reprise de la villa. Son souhait : préserver le patrimoine créole, le valoriser et communiquer sa passion à d’autres. Car ces bâtiments inscrits au titre des monuments historiques ont de quoi rebuter bien des propriétaires face aux travaux dé rénovation. Pour Sophie, elle y a vu une chance. Une chance de découvrir l’histoire de la demeure à travers les fondations, d’appréhender les différentes techniques de construction et grâce aux artisans passionnés que compte La Réunion, la possibilité de mieux connaître ses origines architecturales. Une rénovation du premier étage qui nécessitera encore deux ans de travaux.
“ La Réunion de demain nous appartient.”
Pour Sophie Repiquet, « Les successions sont un fléau pour le patrimoine architectural réunionnais. La quasi-totalité des cases créoles abandonnées, délabrées, sont la conséquence d’une indivision successorale non réglée. Les indivisions, on y entre de force, on en sort de gré. Ce n’est pas sans peine. Sur fond de deuil, ça a été le combat le plus difficile que j’ai mené dans ma vie. J’y ai laissé une partie des belles années de ma trentaine… Ma promesse à moi-même était de me défaire de ces chaînes avant mes 40 ans. Promesse honorée. Liberté. Entouré d’un excellent conseil juridique dont c’est la spécialité et avec une volonté de fer, on peut s’en sortir… et sauver notre patrimoine qui se meurt à petit feu ».
Motivée comme jamais, Sophie Repiquet veut faire de la demeure familiale un lieu de vie et de partage. Pas un musée ou des bureaux, mais donner l’accès au plus grand nombre et en favoriser les évènements festifs de toutes sortes, que ce soit en petit comité ou pour des mariages au doux goût nostalgique. C’est pour Sophie Repiquet, une façon de « préserver notre patrimoine et de le faire découvrir ».
Les dates clés
1839-1843 Date de construction de la Villa Repiquet. Elle a connu quelques années plus tard plusieurs modifications architecturales importantes : la fermeture de ses 2 varangues superposées et la création d’une galerie pour relier les dépendances nord et sud de la propriété.
1928 Acquisition de la villa par Adrien Lagourgue, l’arrière grand-père de Sophie.
1961 Lors du cyclone Jenny, le toit de la villa s’est envolé.
Il a été remplacé par une toiture terrasse.
2022 Rachat des parts des cohéritiers de la villa par Sophie. Lancement d’un important projet de rénovation, Fin prévue en 2026
14 septembre 2023 Inauguration de la Villa Repiquet qui devient un espace évènementiel et culturel.
LIEU DE RECEPTION
Compte tenu de son usage de l’époque et de la distribution des pièces du rez de chaussée, il semblait évident pour Sophie de conserver la villa en tant que lieu de réception mais cette fois à la disposition de tous : mariages, cocktails d’entreprise, séminaires, anniversaires,
tournage de films,…
Faire le choix de célébrer son moment de vie personnel ou professionnel à la Villa Repiquet c’est faire le choix d’un lieu de caractère avec une identité culturelle réunionnaise forte.
Le souhait de Sophie est de faire renaître l’art de vivre de l’époque. Offrant une capacité d’accueil allant de 30 à 300 personnes, la Villa Repiquet pourra être le lieu de réception d’évènements intimistes ou plus solennels.
LIEU D’EVASION
Au travers d’expositions aux thématiques pensées, Sophie souhaite faire voyager les visiteurs dans la Réunion du XXème siècle en présentant le fonds de la Villa Repiquet composé d’un peu plus de 2000 clichés.
Un grand nombre de ces photos ont d’ailleurs été réalisées par sa grand-mère Solange, qui en avait fait sa passion, photos inédites d’une époque révolue qui invitent à la rêverie.
La villa sera également le lieu de mise en valeur d’artistes locaux passionnés par leur culture.
La Villa Repiquet propose des circuits de visite dès le mois d’octobre 2023.
LE CARRE REPIQUET
La Villa Repiquet est en réalité une partie d’un projet plus global. La propriété est bordée dans son intégralité de dépendances qui autrefois étaient des pièces de vie du quotidien : la salle à manger de tous les jours, des appartements, le garage, les écuries, le poulailler. Au fil des décennies et des changements de mode de vie, elles ont toutes été affectées en lieux de vie et en espaces professionnels.
Lorsque Sophie a racheté les lieux, toutes les dépendances étaient vacantes, à l’exception de la longère, occupée par Margot, devenue la maîtresse des lieux au fil des décennies. Promesse est faite qu’elle y restera jusqu’à la fin de ses jours.
Pour les autres longères, Sophie décida de les affecter à des activités économiques qui mettent en valeur les produits locaux, la culture réunionnaise, les talents de l’île, les savoir-faire. Elle a donc choisi ses “voisins” un à un en fonction de ces critères.
Margot, c’est une jolie histoire dans l’histoire. Marguerite Gopaul s’est présentée à la villa au début des années 40 afin de proposer ses services. N’étant pas majeure, Solange Repiquet refusa de l’embaucher. Qu’à cela ne tienne, Margot reviendra quand elle aura 21 ans. Le jour précis de son anniversaire, elle se rendit à la villa et demanda à voir la maîtresse des lieux.
« Vous m’avez promis qu’à mes 21 ans vous m’embaucheriez, je les ai aujourd’hui. »
« Très bien, revenez ce soir avec votre valise, une chambre vous attendra ». C’est ainsi que Margot s’installa à la Villa Repiquet en tant que nénéne. Centenaire aujourd’hui, elle est la gardienne de l’âme de la villa et pour Sophie sa grand-mère de cœur… Margot résidera dans la dépendance Est de la villa jusqu’au jour où elle s’éteindra.
Texte et Photos Pierre Marchal
Villa Repiquet
25 rue de Paris
Saint-Denis
www.villarepiquet.fr
0693 65 89 89
contact@villarepiquet.fr