Si corps et décor se font rime, il n’y a pas plus beau voyage que celui accompli par Haliman Bangui, longtemps cadre supérieure dans l’audiovisuel, elle a su prêter attention à santé défaillante pour se panser d’une passion à réveiller : la décoration d’intérieur. Plus qu’une reconversion audacieuse c’est une rencontre d’un soi profond qui s’est offerte à son odyssée. Là où s’exprime l’enveloppe, se révèle secrets des âmes perdues.

Autant cette détermination à changer pourrait sembler impudente, autant la démarche s’est faite en assurance et douce modestie, à croire un possible inéluctable. Comptable avertie pendant de longues années, c’est tout en dévotion qu’Haliman aura tracé chemin de vie comme pour faire résonner l’histoire des siens humblement arrivés des Indes. De son enfance choyée et tout en retenue ou coquetterie se confondait avec « prendre soin de soi », elle retient la valeur du travail, le respect de l’autre et des principes instruits. Elle tire aussi cette incommensurable volonté à se hisser dans le réussir et l’accomplissement. Plus qu’investie dans ses entreprises, elle fait sacerdoce des « tous » faisant abnégation inconsciente de ses propres aspirations. Un mal pour un bien saura la guider sur son chemin d’être. Aléas de santé feront éclore la chrysalide. En convalescence à domicile, l’artiste en devenir, se grise d’un projet de réfection de son intérieur comme pour mieux oublier et se remplir d’un meilleur : « me sentir bien chez moi ». De cet exercice pratique elle en fera nouvelles perspectives professionnelles. Certes, elle se réapproprie son chez elle, plus encore elle reprend les rênes de son existence. Quelques mois de formation vont conforter ses connaissances. De l’histoire au mariage des couleurs en passant par l’apanage des styles et des matières ou la conception en 3D, Haliman apprend et comprend avec exaltation emportée par un rythme qu’elle fait sien. Ses préférences pourraient aller au contemporain et minimaliste, jouées en symphonie de noir et blanc tout juste relevée d’une petite note de couleur, elle n’en oublie pas de privilégier le choix client en faisant même une priorité enrobée de subtils conseils ou d’incontournables comme « pas de rouge dans une chambre », les astuces pour optimiser une pièce ou diminuer une hauteur de plafond… « La décoration, c’est comme la mode, il y a des tendances » murmure-t-elle en leitmotiv. « Aujourd’hui » se prête aux télévisions suspendues, aux ambiances naturelles, aux coloris pastels, aux accessoires en osier ou au papier peint mono-mural, demain proposera son autre croisière déco. De son parcours en comptabilité la designer garde rigueur et propension au « travail bien fait ». Ses prestations se font en sur-mesure, cadencée en quelques tempos : la qualification des attentes, de l’écosystème, l’indispensable et tactique projection 3D, l’ajustement de la proposition, le choix des matériaux, du mobilier et plus, le cas échéant un accompagnement shopping, la coordination des corps de métiers et le suivi du chantier tout en restant à « sa place », celle d’un designer d’intérieur qui ne saurait improviser l’architecture de bâtiment. Si délice lui prend d’être au rendez-vous de l’attendu, grandir de chaque expérience peut être source de belle satisfaction. Exit le souvenir d’une difficulté à transformer une villa en un espace business, chaque contexte reste opportunité de grandir. « Parfois je me découvre tant je vais explorer d’autres ailleurs comme d’oser le noir dans un espace nuit ou doubler un pommeau dans une douche». Compléter la démarche des agences immobilières par un service de home-staging ou créer son cabinet de designers pourrait devenir une prochaine escale. Alors que son sourire se vêt de Bonheurs, chic et smart comme son style déco, Haliman confie se reconnaitre également dans la peinture : « je découvre un autre moi, mon «authentique » ». A raison, d’aucun pourrait évoquer le bel épanouissement de sensibilités profondes, comme on s’ouvre à soi, on s’ouvre aux autres … et réciproquement …comme en miroir.

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Texte : Nadine Gracy
Photos : Pierre Marchal