Dans les années 1770, Julien Gonneau-Montbrun, l’un des plus riches colons de Saint-Paul, fait construire deux grandes maisons en pierre : la première au milieu d’un vaste domaine planté en café au Bernica et la seconde, sa résidence urbaine, le long de la Chaussée royale.
A l’écart du centre-ville, cette résidence marque l’entrée de Saint-Paul en venant de Saint-Denis. Côté Chaussée royale, un portail en maçonnerie avec deux volutes imposantes signale l’entrée offi-cielle. Rue Saint-Louis, une porte cochère permet d’accéder à une cour de service où se trouvent la cuisine, le logement des esclaves domestiques, les dépendances… Toutes ces annexes sont réparties dans un bâtiment en U.
Un luxe sans précédent
La maison se situe au bout d’un jardin d’apparat, aujourd’hui disparu. Elle s’élève sur une terrasse, afin d’éviter les inondations lors de la montée des eaux de l’étang. Gonneau-Montbrun a probable-ment fait appel à des maçons indiens pour bâtir sa luxueuse demeure. Elle possède un plan massé rectangulaire. La distribution intérieure et les élé-vations sont d’une grande symétrie. Les façades est et ouest, avec leurs varangues superposées soutenues par de lourdes colonnes trapues, sont dans les années 1770 d’un luxe sans précédent dans l’île. Il en est de même pour le décor de moulures qui couronne l’édifice. Cette ostentation se retrouve à l’intérieur : les serrures des portes étaient en argent, comme en Inde ou en Indonésie.
Une renaissance tardive
En 1800, au décès de Gonneau-Montbrun, sa fille Ombeline Panon-Desbassayns en fait sa maison de ville. En 1858, sa petite-fille la donne à l’Evêché qui y installe un collège. Inoccupée à partir des années 1880, la maison se détériore et dans les années 1940, elle est totalement en ruine. Elle doit sa renaissance à l’intervention de prêtres venus de Chine qui, avec l’aide de leurs compa-triotes installés dans l’île, la restaurent. Elle accueille une école franco-chinoise de 1958 à 1970.