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Christine Gaudy agent immobilier « Je reste confiante »

Basée dans l’ouest de l’île, Christine Gaudy dirige l’agence AGL depuis 2010. Forte de son expérience avec ses agences précédentes en métropole et sur La Réunion sur plusieurs décennies, la cheffe d’entreprise a recentré son activité sur la vente dans le neuf. La crise actuelle, COVID et le conflit en Ukraine ont impacté le marché. Pour Christine Gaudy, si les conditions ont évolué, il importe de s’adapter et de se renouveler. Et se veut confiante.

GAUDY Christine

Teck-Tech : Comment se porte le marché immobilier à La Réunion ?
Christine Gaudy : Très fiévreux, mais à la fois cela fonctionne plutôt bien si tant est que nous ayons des offres. Il y a toujours une grande demande de la part des investisseurs dans le cadre de la loi Pinel sur le marché du neuf. Il y a toujours un grand intérêt pour l’investissement immobilier à La Réunion. Même si on constate qu’aujourd’hui le marché reste très déséquilibré.

C’est à dire ?
Il y a beaucoup de demandes pour une offre assez restreinte sur le neuf. On a peu de produits à proposer. D’où un marché tendu. La pénurie de terrains en est la principale cause, les prix ont flambé pour parfois tripler. De plus, l’augmentation des matières premières qui ont doublé dans le secteur du BTP et la hausse du fret qui a quadruplé n’aide pas à une reprise qu’on espérait. Tout cela additionné impacte sur le prix de vente du mètre carré dans le neuf. Jugez plutôt : le prix du mètre carré constructible est passé de 2 900 euros à 4 500 euros du mètre carré à la vente. C’est un terrible déséquilibre.

Que faire alors pour tenter de réguler le marché ?
Il faudrait un plus grand contrôle sur le prix des terrains. Cesser la spéculation. L’incidence foncière sur le prix d’un appartement représente 30% du prix de vente final au mètre carré. Il faudrait libérer des terrains dans le respect des règles d’urbanisme et écologiques. Le nombre de permis de construire a fortement diminué en raison de la carence de terrains. C’est vraiment un problème récurrent sur notre île alors qu’il y a de la demande. On n’a plus les moyens de construire des villas, d’où la tendance du marché vers les résidences de standing. Il y a de moins en moins de place pour des constructions individuelles.
Il faut aussi prendre en considération le fait qu’il y a vingt ans, sur une opération immobilière, un promoteur arrivait à dégager une marge de 16% en moyenne. Aujourd’hui, pour un programme identique dans un même secteur, la marge pour le promoteur ne dépasse pas 6%. Il faut arrêter de taper sur ces derniers et les agents immobiliers qui ne sont en rien responsables de l’inflation des prix sur le marché qui est congestionné. Cela peut surprendre les futurs acquéreurs.
Le problème rencontré par les candidats locataires pour trouver un bien pour se loger est récurrent et de plus en plus contraignant. J’en veux pour preuve quand une opportunité se présente, pour un appartement F3 par exemple dans l’ouest de l’île, que ce soit sur Saint-Paul ou La Saline, il n’est pas rare d’avoir plus de cent appels sur le même bien. Cela devient extrêmement compliqué. Il est évident que le marché immobilier dans l’ouest de La Réunion est plus que saturé, tant à la location qu’à la vente. C’est le chat qui se mord la queue. D’où l’explosion de la colocation qui prend de l’ampleur car les gens s’adaptent aux nouvelles conditions du marché.
Selon l’adage « quand le bâtiment va tout va » n’est pas fait pour rassurer aux vues de la crise qui perdure.

Il faudra être jeune et fonctionnaire pour investir ?
Il est certain que les conditions du marché ont évolué et pas toujours dans le bon sens. Il est de plus en difficile pour les jeunes Réunionnais désireux d’investir de satisfaire aux nouvelles normes bancaires plus restrictives. L’obtention d’un prêt est devenue un véritable parcourt du combattant. Aujourd’hui, il faut être fonctionnaire, en CDI, et avoir un gros apport malgré la possibilité du prêt à taux zéro. Les banques ne jouent pas forcément le jeu. Elles sont devenues frileuses aux vues de la conjoncture économique actuelle. Et cela a inévitablement un impact sur le marché immobilier et freine de surcroit la bonne marche des acquisitions.

La clientèle a évolué ?
Oui assurément. Aujourd’hui parmi notre clientèle, on retrouve beaucoup de retraités qui viennent ici en vacances, en tourisme affinitaire et décident de s’installer. Séduits par la qualité de vie, ils souhaitent se porter acquéreur d’un bien pour en profiter six mois dans l’année.
On a donc beaucoup de demandes pour peu d’offres. Il nous faut trouver les solutions pour rééquilibrer ce marché afin de pouvoir satisfaire une demande plus forte. Je reste confiante. Le COVID n’a pas du tout impacté le demande de la part des investisseurs. Au contraire. Cela est une bonne chose. Au contraire. Comme quoi, le marché reste porteur malgré ce déséquilibre.

Texte et photos Pierre Marchal

Pierre Marchal

Après avoir exercé onze ans comme journaliste au Quotidien de la Réunion, fondateur de l’agence photographique MozaikImages regroupant 95 auteurs dans l’océan Indien mais aussi au Japon et en Australie, Pierre Marchal a opté en 2005 pour une activité free-lance lui permettant de se consacrer à son sujet de prédilection : l’être humain. Anakaopress est née. Aujourd’hui à la tête du magazine de sport Gadiamb et de Paradise Island, Grenadine est un nouveau challenge. Tél : 0692 65 79 95 Mail ; marchal@anakaopress.com

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