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Aurélie Quentin « Liberté, je peins ton nom ! »

Aurélie Quentin aime surprendre à travers ses toiles inspirées de la culture Afro-Punk, artiste engagée qui fait de vous le voyeur involontaire de ses œuvres intimistes. Rencontre étonnante avec une « peintre » insaisissable.

QUENTIN Aurélie

Parenthèse inattendue que cette rencontre pour le moins insolite tant Aurélie Quentin interpelle par l’insaisissable dégagé. Elle déconcerte par cette troublante dissemblance entre la légèreté de sa silhouette candide et sa détermination à s’affirmer dans son art, comme cette ambivalence entre son jeune âge et sa maturité à mener toutes les activités liées la promotion de ses œuvres.
C’est tout ce paradoxe que nous retrouvons dans ses peintures : on croit y lire une certaine oisiveté provocatrice alors que l’indécence nait de ce regard que vous posez outrageusement sur ces intimités de vie qu’elle restitue dans toutes leurs dimensions fantaisistes et libertaires. Ce n’est plus le modèle qui dérange l’œil par sa posture naturelle et libre mais « Vous », le spectateur badaud qui osez pénétrer le personnel de cette sphère étrangère.

« Je déteste l’architecture »

C’est ainsi que débute notre entretien, au secret d’une alcôve inspirante tapie dans la zone portuaire de Saint-Gilles, la pièce maitresse d’une villa improvisée en atelier. Née sur notre île, d’une mère italienne et d’un père architecte russe c’est tout naturellement qu’Aurélie suit les traces de ce dernier. Elle étudie à Paris, collabore avec les meilleurs (Jacques Ferrier, Atelier 1234 …), accompagne ensuite des projets réunionnais (Centre Hospitalier de Bellepierre, Lycée Bois de Nèfle) découvrant au détour de ces expériences toute l’ascendance rebutante des contraintes règlementaires sur le plaisir de l’innovation artistique. Rebelle aux talents d’or, notre créatrice se découvrant bien plus attirée par l’exercice de la toile que la projection mathématique et graphique d’un bâtiment décide de se consacrer à son unique passion : la peinture, privilégiant au travers de cet art, tout le plaisir à restituer le naturel faussement effronté d’instants de vie volés. Le choix de s’émanciper du carcan légal et normé de l’ordre architectural s’impose pour laisser libre cours à sa créativité.

« Une exposition éphémère en 2015 »

Animées par cette même ferveur, Aurélie et ses amies, Dorothée Palma (dite Barbee the black free Hippie, secrétaire comptable et créatrice) et Ymen Brahmia (sage-femme et djette), improvisent audacieusement et dans l’insouciance un collectif d’artistes. Pour les besoins d’une soirée évènementielle où défilé de mode, peintures et musiques rendent hommage à la culture Afro-Punk, notre peintre se challenge. Elle fait poser ses proches, livre en l’espace de 5 à 6 mois une demi-dizaine d’œuvres à la fois composées de portraits et de paysages urbains. Le style s’inspire des notes tropicales, les couleurs séduisent tout en contrastes et les pauses faussement lascives des personnages éveillent les papilles visuelles. Le regard de ses modèles vous toise vous reprochant presque une impudence outrageuse. La technique est rôdée : des sujets choisis parmi ses proches ou un inconnu abordé dans un bar à Naples, un cadre et des accessoires réfléchis souvent composés d’éléments familiers (sa voiture, sa robe fleurie, son fauteuil…), le détail « décalé » (une hyène empaillée, un collier d’écrevisses posé sur un buste masculin, un arbre fait de plumes d’autruche rose…), l’accumulation d’objets ou d’accessoires qui fait la part belle au « less is more », l’association des improbables frisant une facétieuse dérision (la religion et le libertinage), des postures anticonformistes et faussement négligées, le mauvais goût devient esthétiquement beau, des titres aux jeux de mots désopilants (« Une bouteille à ta mère », « Poulpeuse Geisha », « La cage aux fruits » ; … traduire sérieusement sa créativité sans se prendre au sérieux marque sa différence…

« Etre dans la quintessences du Chill »

Note artiste se complet dans la simplicité d’un moment de partage, un apéritif avec ses amis autour d’un traditionnel Baggamon, un 421, un Domino ou un « Pousse-caillou » …une fausse nonchalance qu’elle restitue dans ses peintures pour juste suspendre ou magnifier le temps dans une société rythmée par l’accélération, la surproduction et l’hyperactivité. Avec Aurélie « ne rien faire » devient un art. L’ambiance de ses tableaux est savamment recherchée, délicatement irrévérencieuse ; Elle puise son inspiration dans ses voyages à Cuba ou La Nouvelle Orléans et la musique, osant varier les styles… Afro-Beat, Hip Hop, Brass Band… et privilégiant le métissage des genres.

« Oublie que tu n’as aucune chance, vas-y…fonce …sur un malentendu ça peut toujours marcher ! » Aurélie a fait sienne cette phrase extraite du classique « Les bronzés font du ski ». « J’aime être responsable de moi et je me donne les moyens d’y arriver » rajoute-elle. Celle qui longtemps a manqué de confiance en elle expose aujourd’hui dans les plus grandes galeries (Ange Monnoyeur, Goldshteyn-Saatort, Graepheme, Grand Palais éphémère…). « Ma fierté c’est d’arriver à vivre de ma passion, mon rêve, celui de savourer l’instant présent avec la perspective de découvrir un lendemain fait de nouvelles rencontres, expériences et vibrations ».

Devenez à votre tour le probable voyeur de ses modèles, suspendez le temps pour goûter à la plénitude d’une paresse inspirante et faussement provocante… soyez Vous tout simplement…

https://www.facebook.com/aur.quentin

Texte Nadine Gracy
Photos Pierre Marchal

Pierre Marchal

Après avoir exercé onze ans comme journaliste au Quotidien de la Réunion, fondateur de l’agence photographique MozaikImages regroupant 95 auteurs dans l’océan Indien mais aussi au Japon et en Australie, Pierre Marchal a opté en 2005 pour une activité free-lance lui permettant de se consacrer à son sujet de prédilection : l’être humain. Anakaopress est née. Aujourd’hui à la tête du magazine de sport Gadiamb et de Paradise Island, Grenadine est un nouveau challenge. Tél : 0692 65 79 95 Mail ; marchal@anakaopress.com

TagsArt

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