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Dans les hauts de Saint-Leu

Un jardin nommé Désir

Sur les hauteurs de Saint-Leu, à quelques lacets des Colimaçons, un parking ombragé vous tend son macadam vous invitant à découvrir les collections du conservatoire botanique de Mascarin. Ce jardin aux saveurs exotiques énivre le visiteur de ses parfums subtils et séduit par ses beautés végétales. Plongez au cœur d’une inspiration au voyage des sens inspirant recueillement et rêveries solitaires au creux de sa nature silencieuse.

59 marches suffisent depuis l’entrée pour gagner cette magnifique maison créole dentelée d’arabesques beiges. Des Araucarias disposés de part et d’autre de l’escalier, un bassin orné de nénuphars pour une pause contemplative à mi-chemin, et la demeure apparait dans son écrin de verdure. Encadrée de ses deux tours en bardeaux rouge garnis de volets bleu turquoise, la villa prend vite ses allures de dépendance anglaise. Les armoiries visibles en façade renseignent sur l’origine de son premier occupant : le marquis Antoine Sosthène d’Armand De Chateauvieux recruté en 1830 par Charles Desbassyns pour développer la culture de la canne à sucre. Le maitre des lieux, passionné de botanique, consacrera surtout sa vie à l’introduction de nombreuses espèces de plantes. Trois générations se succèderont ainsi à la tête des 660 hectares du domaine agricole pour y développer une agronomie classique certes, mais surtout originale comme le pommier ou cette variété de thé primé à Londres. Sa dernière propriétaire Marie Thérèse de Chateauvieux, première femme Maire à La Réunion, cèdera ses terres à la collectivité départementale en 1986. Le domaine ouvre depuis l’ensemble de ses espaces aux curieux, amateurs et promeneurs sous l’égide contrôlante des administrations associées.

La bâtisse, aujourd’hui transformée en musée vous ouvre ses portes sur une boutique et ses pièces dont certaines vous partagent mobiliers et décorations d’origine. Son plancher composé des bois locaux Natte et Corce Blanc vous mène à pas feutrés admirer un coffre ancien, un meuble toilette en marbre ou un lit à baldaquin. Ici et là sont affichées les œuvres plus contemporaines de Sébastien Sailly et Yannick Riet, respectivement dessinateur et photographe auteurs de l’exposition « Voyage à quai », un carnet de voyage entre sucre et sel.

Naturellement vous franchissez le seuil d’une porte-fenêtre et emboitez le pas sur le jardin. L’herbe y croît taillée à l’anglaise s’affolant ici et là de parterres fleuris aux couleurs chatoyantes. Le silence est saisissant, brisé de temps à autres par le doux murmure de la fontaine ou le pépiement enchanteur d’un foudi rouge. Sur votre droite une petite maison de pierres semble attendre votre visite : d’anciennes cuisines ont fait place au « le Vieux Pressoir » un restaurant traditionnel dont la carte encense les produits endémiques de La Réunion. Vous y savourerez carris, rougails ou tartares de poisson à l’abri de ses tonnelles gracieusement ombragées.

A votre guise, -pour éveiller l’appétit ou dessiner une promenade digestive-, le jardin vous invite à déambuler dans ses allées. Celui-ci ne compte pas moins de 7 collections végétales déclinant ses tendances autour des Bambous, du Verger, des Succulentes, des Palmiers, des fougères, des orchidées ou des espèces purement réunionnaises. Chaque catégorie possède son étiquette, un banc, une chaise pour vous poser et admirer, de petits sentiers sinuent au cœur de toutes ces variétés exotiques et endémiques. Le Bilimbi de Malaisie vous salue, le cerisier de Cayenne vous émerveille, le pie Jacques vous nargue auprès de la plante Efferalgan… une fleur d’Iris dans un bassin, une orchidée sauvage vous toise depuis un tronc, un endormi se faufile et disparait au cœur d’une cathédrale de lumières formée par un éventail de palmiers dattiers et poissons …la nature vous prend dans ses bras, vous apaise à jamais rappelant à vos sens tous ses trésors de simplicité…il est des jardins enchanteurs où le temps sait arrêter ses pendules…le conservatoire de Mascarin saura vous désirer… et vous attend déjà…

Texte Nadine Gracy
Photos Pierre Marchal

Pierre Marchal

Après avoir exercé onze ans comme journaliste au Quotidien de la Réunion, fondateur de l’agence photographique MozaikImages regroupant 95 auteurs dans l’océan Indien mais aussi au Japon et en Australie, Pierre Marchal a opté en 2005 pour une activité free-lance lui permettant de se consacrer à son sujet de prédilection : l’être humain. Anakaopress est née. Aujourd’hui à la tête du magazine de sport Gadiamb et de Paradise Island, Grenadine est un nouveau challenge. Tél : 0692 65 79 95 Mail ; marchal@anakaopress.com

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